Suites, le cours
6. Quelques théorèmes de comparaison et d'encadrement
6.1. Comparaison par rapport à une suite divergente
· Si (un) diverge vers +∞ alors (vn) aussi.
· Si (vn) diverge vers −∞ alors (un) aussi.
Fixons A∈R+⋆. Supposons que (un) diverge vers +∞. Alors, à partir d'un certain rang N, on a :
un≥A; et comme vn≥un, on aura aussi : vn≥A.
Donc (vn) diverge vers +∞.
Le deuxième point se démontre de manière analogue.
Étudier la limite de la suite (un) définie, pour tout n∈N, par : un=2cosn+3×(−1)n−3n
On a pour tout n∈N: −1≤cosn≤1 donc −2≤2cosn≤2 . (1)
Par ailleurs , on a (−1)n={1 si n est pair. −1 si n est impair. ; on a donc pour tout n∈N: −1≤(−1)n≤1 donc −3≤3×(−1)n≤3 .(2)
En ajoutant (1) et (2) on obtient pour tout n∈N:un≤5−3n
Or, lim, d'où : \lim\limits_{n \to +\infty} u_n=-\infty
Exemple 2 :
Étudier la limite de la suite \left( u_n \right) définie par : u_n = n^4(\cos n - 2)
Comme -1 \leq \cos n \leq 1, on a : -3 \leq \cos n - 2\leq -1
Donc en multipliant par n^4 qui est positif, il vient : u_n \leq -n^4
Or \lim\limits_{n \to +\infty} -n^4=-\infty, d'où : \lim\limits_{n \to +\infty} u_n=-\infty
Exercice :
l'affirmation "une suite qui diverge vers +\infty est nécessairement croissante" est-elle vraie ?
Réponse : non ! Considérer : u_n = (-1)^ n + n
On a, pour tout n \in \mathbb{N}: u_n\geq -1 + n
Donc, par comparaison : \left( u_n \right) diverge vers +\infty
Cependant \left( u_n \right) n'est pas croissante. En effet, pour tout n \in \mathbb{N}, on a :
u_{n+1} - u_n = (-1)^{n+1} + n + 1 - (-1)^n - n = (-1)^{n+1}(1 + 1) + 1 = 2(-1)^{n+1} + 1 =\left\lbrace \begin{array}{l} 3 \text{ si } n \text{ est impair. }\\ -1 \text{ si } n \text{ est pair. }\end{array} \right.
On a donc prouvé que u_{n+1} - u_nest de signe variable.
Donc la suite \left( u_n \right) n'est ni croissante, ni décroissante.
6.2. Théorème d'encadrement ou des "gendarmes"
· À partir d'un certain rang : u_n\leq v_n \leq w_n
· \left( u_n \right) et (w_n) convergent vers le même réel l.
Alors (v_n) converge vers l.
Démonstration :
Notons N_0 le rang à partir duquel on a : u_n\leq v_n \leq w_n
Soit I un intervalle ouvert centre en l. Notons \epsilon son rayon. On a donc I = ]l - \epsilon, l + \epsilon[.
Comme \left( u_n \right) converge vers l, à partir d'un certain rang N_1 on a : u_n \in I.
Comme (w_n) converge vers l, à partir d'un certain rang N_2 on a : w_n \in I.
Pour n\geq max(N0, N1, N2), comme u_n \leq v_n\leq w_n, on a alors : v_n \in I
Bilan : tout intervalle ouvert I, centré en l, contient tous les termes de la suite (v_n) à partir d'un certain rang (à
savoir max(N_0, N_1, N_2)). Donc la suite (v_n) converge bien vers l.
Exemple 1 : déterminer la limite de la suite (v_n) définie par :v_n= \dfrac{3n+5(-1)^n}{2n} .
Méthode : on encadre v_n .
Pour tout entier n \in \mathbb{N}+^{\star} on a : -1\leq (-1)^n\leq 1
Donc en multipliant par 5 on a -5\leq 5(-1)^n\leq 5;
puis en ajoutant 3n il vient : 3n-5\leq 3n+5(-1)^n\leq 3n+5;
enfin en divisant par 2n > 0 on obtient : \dfrac{3n-5}{2n} \leq \dfrac{3n+5(-1)^n}{2n} \leq \dfrac{3n+5}{2n}
Posons, pour n \in \mathbb{N}+^{\star} : u_n =\dfrac{3n-5}{2n} et w_n = \dfrac{3n+5}{2n}.
On peut écrire u_n =\dfrac{3n-5}{2n}=\dfrac{n\left(3-\dfrac{5}{n}\right)}{2n}=\dfrac{\left(3-\dfrac{5}{n}\right)}{2} d'où \lim\limits_{n \to +\infty} u_n=\dfrac{3}{2}.
De même on a w_n =\dfrac{3n+5}{2n}==\dfrac{\left(3+\dfrac{5}{n}\right)}{2} d'où \lim\limits_{n \to +\infty} w_n=\dfrac{3}{2}.
Les suites \left( u_n \right) et (w_n) convergent vers \dfrac{3}{2} . De plus, pour tout n \in \mathbb{N}+^{\star}: u_n \leq v_n \leq w_n.
D'après le théorème des gendarmes, on a donc : \lim\limits_{n \to +\infty} v_n=\dfrac{3}{2}.
Exemple 2 : déterminer la limite de la suite \left( u_n \right) définie par : u_n =\dfrac{\sqrt{n^2+1}}{n} pour n\geq 1.
On a : n^2 < n^ 2 + 1
En outre, n^ 2 + 1< ( n + 1)^2 car 2n > 2 > 0
On a donc l'encadrement suivant : n^2 < n^2 + 1 < (n + 1)^2
Par passage à la racine (tous les membres sont positifs), il vient :
n < n^2 + 1 < n + 1
Puis en divisant par n (positif) : 1 < u_n < 1 + \dfrac{1}{n}
Comme \lim\limits_{n \to +\infty} 1=1 et \lim\limits_{n \to +\infty} 1+\dfrac{1}{n}=1 on en déduit (théorème des gendarmes) que \lim\limits_{n \to +\infty} u_n=1
6.3. Corollaire
Soient \left( u_n \right) et (\epsilon_n) deux suites telles que :· Il existe un réel l tel que pour tout n : |u_n - l| \leq \epsilon_n
· La suite (\epsilon_n) converge vers 0 : \lim\limits_{n \to +\infty} \epsilon_n=0
Alors la suite \left( u_n \right) converge vers l.
Démonstration
L'inégalité |u_n - l|\leq \epsilon_n s'écrit encore : l - \epsilon_n\leq u_n \leq l+\epsilon_n
Le théorème des gendarmes permet de conclure.
6.4. Théorème Passage à la limite dans une inégalité
Alors : \lim\limits_{n \to +\infty} u_n+\infty)v_n.
Bien noter que des inégalités strictes deviennent larges par passage à la limite.
Démonstration
Nous aurons besoin du lemme suivant :
Démonstration du lemme :
Notons l la limite de \left( u_n \right) . Raisonnons par l'absurde. On suppose que l < 0.
Posons \epsilon = -\frac{l}{2}.
Comme la suite \left( u_n \right) converge, on aura à partir d'un certain rang : u_n \in ]l - \epsilon ; l + \epsilon[
En particulier : u_n < l + \epsilon \leq l-\frac{l}{2}\leq \frac{l}{2}<0
Ce qui contredit la positivité de \left( u_n \right) . Donc l\geq 0 et le lemme est démontré.
On en déduit le théorème en appliquant le lemme à la suite (v_n - u_n).
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